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L’amitié selon John Henry Newman : colloque universitaire interdisciplinaire
Appel à communications
John Henry Newman (1801-1890) fut un homme d’amitiés tout autant qu’un homme de l’amitié en ce qu’il la tenait en haute estime et qu’il l’envisageait avec très grand sérieux. Au cours de sa très longue vie, Newman eut l’occasion d’entretenir des amitiés fidèles et éprouvées ; son amitié profonde et sincère avec Ambrose St. John en fut d’ailleurs le modèle le plus exemplaire. Mais elles furent parfois aussi malmenées voire interrompues lorsque Newman fit le choix de sa liberté de conscience au prix des affections qu’il avait entretenues (Mouvement d’Oxford). En raison de son choix radical en 1845-sa conversion au catholicismequi fut un arrachement et sonna le glas de plusieurs amitiés, le thème ne peut être traité sans évoquer la rupture. Parler des amitiés de Newman, de ses affinités intellectuelles avec d’autres grandes figures du XIXe siècle anglais, c’est aussi suivre l’histoire du Mouvement d’Oxford, des différents visages du catholicisme anglais, jusqu’au Renouveau catholique car l’influence de Newman a évidemment perduré après sa mort.
Pour autant Newman prit soin de cultiver son art de l’amitié en la revêtant d’une profonde spiritualité qui soit à l’image, comme il le croyait, de l’amour que le Christ témoigne à ses créatures. Très tôt, à 15 ans, il fit l’expérience de cet amour divin, s’éprouvant lui-même face à son Créateur. Cette rencontre, qui le liera à jamais à Dieu, non seulement modela sa pensée, mais elle participa du mode de relations qu’il développa avec autrui. L’amitié selon Newman implique un face à face avec son prochain, à l’image de Jésus et Jean, c’est-à-dire une relation authentiquement vraie « hors des ombres, et des images, dans la vérité1 ».
L’amitié selon Newman était aussi la pratique quotidienne des vertus du modèle chrétien : la charité, la fidélité, l’obéissance. L’amitié ne doit pas être un vain mot, noyée sous de bonnes intentions, elle doit prendre forme, exister dans le réel. Ainsi Newman se méfiait-il des grandes déclarations d’affection et privilégiait sa manifestation au cours des visites qu’il faisait à ses paroissiens mais aussi dans sa correspondance rassemblée dans les 32 volumes de Letters and Diaries of John Henry Newman (plus de 20 000 lettres). L’attachement qu’il éprouvait pour ses proches, s’exprimait dans son soin à leur égard. Panser les blessures de l’âme, dispenser des conseils aux esprits égarés, telles étaient les missions auxquelles s’attachait Newman.
L’engagement personnel dont il faisait preuve auprès de ceux qu’il côtoya dans les communautés religieuse et universitaire peut aussi nous permettre de questionner sa relation à la personne. Le principe de relation entre soi et l’autre semble reposer sur une forme d’altérité, une complémentarité qui respecte l’individualité de chacun et qui se manifeste aussi par la communion des coeurs et des esprits. Homme de communion et de communauté, Newman se défendait pourtant d’être un homme de mondanités (« worldliness »), ainsi concevait-il la relation amicale comme l’expression du don de soi à l’autre. Encore est-il nécessaire de s’interroger sur le chemin qui conduit à ce don de soi chez Newman. Ce cheminement intérieur semble se caractériser par des moments de solitude et de silence, des intermèdes nécessaires au maintien d’amitiés durables et authentiques. Grand maître de l’introspection, Newman jugeait donc ces temps suspendus propices à la réflexion sur ce que doit être, selon lui, l’amitié et la façon dont elle doit s’exercer.
Aussi pouvons-nous nous enquérir de la perpétuation au fil des siècles de l’esprit d’amitié développée par Newman. Comment l’a-t-on accueilli et transmis au XXe et XXIe siècles ? Cet esprit d’amitié participe-t-il finalement de quelque chose de plus grand et de plus immuable qui dépasse nos propres individualités ? Telles sont les questions que nous devrons nous poser afin d’éclairer un peu plus la personnalité et la pensée de John Henry Newman.
Objectif du colloque :
En prenant appui sur les amitiés entretenues par John Henry Newman, ce colloque souhaite apporter un éclairage sur la personnalité intime de ce dernier et sa relation aux autres. Y aurait-il un modus operandi « newmanien » de l’amitié, c’est-à-dire une tournure idiosyncratique de l’esprit et de l’être développée par cet homme de foi ? Et si tel est le cas, ce modèle « newmanien » serait-il universel ?
Méthodologie :
Notre démarche se voudra essentiellement empirique. S’appuyer sur le réel, c’est-à-dire les rencontres amicales de Newman et les différentes formes qu’elles ont pu prendre pour tenter une définition « newmanienne » de l’amitié.
1 « Ex umbris et imaginibus in veritatem », épitaphe gravée sur la pierre tombale de J.H.Newman.
Retrouvez l’intégralité des informations liées à ce colloque : PDF A TELECHARGER EN FRANCAIS
Date de publication : 2024-06-04 14:32:34